De nombreux habitants, de nombreux agriculteurs sont aujourd’hui expropriés par la société du grand canal, et d’autres encore vont l’être demain. Un agriculteur à Longueil-Annel est déjà en procédure de justice au titre de la spoliation des ressources du sous-sol de ses champs. Le grand canal est intervenu sur ses champs, a détruit une partie de ses récoltes de betteraves et de blé, a coupé les arbres de ses bois sans autre forme d’avertissement.
Des maisons, des champs, des étangs, des forêts, des zones de chasse à Choisy, Montmacq, Ribécourt, Pimprez, Chiry-Ourscamp, Noyon sont en ce moment même rasés, ou en passe de l’être, de nombreux espaces naturels, y compris classés, des espèces sensibles et protégées sont détruits, à jamais, des oiseaux, des poissons, des reptiles, des insectes… La liste est longue. Des biches et des chevreuils se noient déjà, perturbés, déboussolés par les travaux. L’Oise va être en partie détournée de son lit naturel, il est aussi prévu de supprimer toutes les îles et d’aménager les berges encore naturelles pour élargir les surfaces navigables et construire de nouvelles zones logistiques bétonnées, les plateformes. Au total, 2500 ha de terre artificialisée. Tout cela pour importer des objets inutiles fabriqués par des enfants de l’autre coté de la terre.
Le grand canal s’approprie les terres, spolie les paysans, sans aucun scrupule. La propriété est un « droit inviolable et sacré », nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la « nécessité publique » l’exige, dit la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. En quoi le grand canal est-il de nécessité publique ? Artificialisation des sols, expropriation multiples et variés, destruction de la faune, des champs, de l’agriculture, des forêts, pollution accrue de l’air et de l’eau, construction d’une méga-bassine géante du côté de Péronne, d’une contenance de 14 millions de mètres cubes, au détriment de nappes phréatiques déjà fragilisées dans les Hauts-de-France, au moment où nos politiques nous parle de retraite à 64 ans et bientôt à 67, au moment où ils nous parlent de sobriété, de sécheresse, et de souveraineté alimentaire. Est-ce cela la nécessité publique ?